De plus en plus de catholiques français se font débaptiser
Exiger son « débaptême » est une réaction de plus en plus commune pour des fidèles « dégoûtés » par l’attitude de la hiérarchie catholique.
Quand son fils lui a écrit sur leur groupe WhatsApp que le pape François refusait la démission du cardinal Barbarin, reconnu coupable de non-dénonciation d’atteintes sexuelles sur mineurs, « ça a fait tilt » dans l’esprit de Florence. « J’ai envie de vomir », a-t-elle répondu à Romain, en évoquant son « dégoût » de la hiérarchie catholique. Aujourd’hui encore, elle se souvient de ce 18 mars où un « sentiment d’évidence » l’a assaillie.
L’évidence, ça a été d’adresser au diocèse de Lyon une demande d’apostasie pour renier son baptême, célébré quarante ans plus tôt à l’église de Saint-Luc. « Trop c’est trop », commente la mère de famille dont le frère, qui s’est suicidé en 2010, était une victime présumée du père Preynat, ce prêtre accusé d’agressions sexuelles sur mineurs dans les années 1970 et 1980.
Son fils a entrepris la même démarche. « Couvrir les violeurs, refuser de les dénoncer à la justice de l’Etat, oser jubiler à l’idée que les viols sont prescrits : si un enfer existait, comment ne pourrait-il être réservé aux personnes qui commettent ces crimes ? », écrit Romain dans sa lettre demandant son « débaptême ». Florence, elle, précise : « Je ne souhaite désormais plus laisser à penser que je cautionne la position de l’Eglise en en étant membre. »
A l’instar de Romain et Florence, une centaine de personnes ont répondu à l’appel à témoignages du Monde, racontant leur parcours pour ne plus faire partie de la communauté des catholiques. Certains disent avoir « perdu la foi ». D’autres, baptisés enfants, disent ne l’avoir jamais eue. Tous évoquent le sentiment de déréliction ressenti face à l’accumulation des scandales de pédophilie et d’agressions sexuelles frappant l’Eglise.
Deux mille demandes
Combien sont-ils en France à se lancer dans cette démarche ? La conférence des évêques de France (CEF), instance nationale de l’Eglise catholique, reconnaît une augmentation des demandes d’apostasie ces derniers mois, sans pour autant apporter de chiffres précis. « Nous ne centralisons pas les demandes de renonciation à la foi catholique adressées aux diocèses », commente Vincent Neymon, porte-parole adjoint de la CEF.
source : www.lemonde.fr