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Quand les filtres des selfies mènent vers de graves troubles psychologiques

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Des yeux plus grands, un nez plus fin, un visage plus symétrique… De plus en plus, les chirurgiens plasticiens font face à des patients qui veulent ressembler à la version retouchée d’eux-mêmes. Une « dysmorphie Snapchat » résultant d’un flou grandissant entre fantasme et réalité.

Des chirurgiens plasticiens américains tirent la sonnette d’alarme : de plus en plus de patients leur demandent de ressembler à leurs selfies retouchés. Ainsi, la pratique intensive des selfies et des applications et filtres de retouches, ainsi que leur partage systématique sur les réseaux sociaux peut conduire à des troubles psychologiques qu’ils nomment « dysmorphie Snapchat » dans leur texte, publié dans la revue JAMA. Des dérives qui ne touchent cependant pas ou très peu la France, d’après le Dr Sébastien Garson, vice-président de la Société Française des Chirurgiens Esthétiques Plasticiens (SoFCEP), interrogé par Sciences et Avenir.

DYSMORPHIE ET DYSMORPHOPHOBIE. La dysmorphie désigne une anomalie physique, tandis que la dysmorphophobie, trouble classé dans le spectre obsessionnel-compulsif, désigne la peur de la dysmorphie corporelle. Les gens qui en sont atteints se focalisent jusqu’à l’obsession sur tout ou parties de leur corps qu’ils perçoivent comme difformes. En psychologie, ce décalage entre perception et réalité vis-à-vis de son corps est nommé dysmorphisme.

Quand les filtres et les réseaux sociaux nourrissent la dysmorphophobie

« Auparavant, la technologie de retouche photo n’était largement disponible que pour les célébrités », mais aujourd’hui « l’avènement et la popularité des médias sociaux basés sur l’image ont placé Photoshop et les filtres dans l’arsenal de tous« , écrivent trois médecins dermatologues, dont Neelam Vashi, de l’école de médecine de Boston, qui a également la charge d’un centre de dermatologie cosmétique. Via des applications telles que Snapchat ou Facetune, tout un chacun peut maintenant lisser sa peau, augmenter la taille de ses yeux ou diminuer celle de son nez.

« L’omniprésence de ces images filtrées peut nuire à l’estime de soi, (…) et même déclencher une dysmorphophobie« , expliquent les auteurs, en particulier chez les personnes les plus engagées sur les réseaux sociaux. Ainsi, une étude de 2015 sur 101 adolescentes australiennes a montré que celles qui manipulaient leurs photos étaient davantage préoccupés par leur corps et surestimaient leurs formes et leur poids. Les plus engagées sur les réseaux sociaux étaient les plus touchées. « L’étude a également suggéré que les personnes ayant une image corporelle dysmorphique peuvent rechercher les médias sociaux pour valider leur attractivité« , expliquent les auteurs du JAMA.

Depuis les selfies, l’asymétrie du visage a supplanté la bosse sur l’arête du nez dans les préoccupations des patients

Les filtres appliqués aux photos prennent d’autant plus d’importance que les selfies faussent les dimensions du visage et peuvent ainsi entraîner une insatisfaction. Une étude récente a en effet montré que le nez apparait 30% plus gros sur les selfies qu’il ne l’est en réalité, en raison de l’angle et du manque de recul. Ainsi aux Etat-Unis, 55% des chirurgiens déclarent avoir vu des patients qui demandent une intervention chirurgicale pour améliorer leur apparence dans les selfies, contre 42% en 2015, d’après l’Annual American Academy of Facial Plastic and Reconstructive Surgery en 2017 (AAFPRS). « Avant la popularité des selfies, la plainte la plus fréquente de ceux qui cherchaient une rhinoplastie était la bosse sur l’arête du nez. Aujourd’hui, l’asymétrie nasale et faciale est la préoccupation la plus courante« , expliquent les médecins dans le JAMA. Cette « dysmorphie Snapchat » est selon eux un « nouveau phénomène » ayant pour conséquence une recherche par les patients « d’une chirurgie esthétique ressemblent à des versions filtrées d’eux-mêmes, avec des lèvres plus épaisses, des yeux plus gros ou un nez plus fin« . Une tendance qu’ils qualifient d' »alarmante » en raison de l’aspect « inaccessible » de ces selfies filtrés qui « brouillent la ligne entre réalité et fantasme« .

Psaumes139.14 : « Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, Et mon âme le reconnaît bien. »

Romains 9.20-21 : « O homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ?

 Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ? « 

source : sciencesetavenir.fr