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5 questions à propos de la sanctification (par David Powlison)

La sanctification consiste plutôt en une simplification, une clarification et un approfondissement de la foi. Lorsque nous sommes sanctifiés, nous avons besoin de Dieu, nous le connaissons et l’aimons. Nous percevons la vie, Dieu, nous-même et les autres de manière plus authentique. Croître en sainteté, c’est grandir dans l’amour que l’on a, concrètement, pour les autres. Le bien-être des autres nous importe de plus en plus. Ils nous tiennent à cœur. Nous les aidons.

Devenir plus saint ne veut pas dire que nous devenons quelqu’un d’éthéré, de spectral, qui plane au-dessus des tempêtes de la vie dans un complet détachement. Devenir saint veut dire que nous devenons des personnes plus sages. Nous apprenons à bien gérer notre argent, notre sexualité, notre métier. Nous devenons un ami meilleur, un meilleur parent. Lorsque nous parlons, nous communiquons aux autres plus de bon sens, plus de sérieux, plus de joie, plus d’authenticité. Nous apprenons à prier avec plus d’honnêteté en reliant la réalité de la nature même de Dieu à la réalité du besoin humain.

Croître en sainteté ne signifie pas que nous parlons à voix basse et en citant un passage de la Bible toutes les trois phrases. Cela signifie que notre vie est basée sur une espérance clairvoyante. Nous savons quel est le but de notre existence, retroussons nos manches et faisons ce que nous avons à faire. Nous éprouvons une honnête reconnaissance pour les bienfaits que nous avons reçus. Nous affrontons honnêtement la déception, la souffrance, la maladie et la mort.

Les mots « sanctification », « saint », « sainteté » parlent de la vie de tous les jours, or il n’y a rien de plus concret que de vivre une vie où l’amour, la joie et la volonté ne cessent de grandir. Il n’y a rien de plus réaliste ni de plus utile que de mûrir en sagesse, en espérance et en foi.

Qui et qu’est-ce qui est impliqué dans le processus de la sanctification ?

On entend parfois dire : « Il n’a qu’à se rappeler que… », « Elle n’a qu’à faire… » ou « Si seulement je pouvais passer par cette expérience… » Vous avez certainement déjà dit ce genre de chose, et moi aussi. Prédicateurs, enseignants, conseillers ou amis, tous ont cette tendance, enracinée en eux, à prendre une vérité, un principe spirituel, une manière de faire ou une expérience qu’ils ont vécue, et à en parler comme si c’était la clé qui allait ouvrir toutes les portes.

Il nous faut des histoires et des illustrations, aussi bien tirées des Écritures que de témoignages issus de la vie quotidienne. Il nous faut comprendre de quelle façon les Écritures éclairent notre vie de tous les jours ainsi que la manière dont elles s’y rapportent. Il nous faut une aide pratique pour y puiser les implications et les applications qui nous concernent personnellement, dans le domaine particulier où nous luttons, et qui tient compte de nos défis spécifiques. Il nous faut la présence de Jésus, le Seigneur, notre Bon Berger, qui garde notre départ et notre arrivée. Les Écritures démontrent d’une manière vivante et inductive la façon dont ces vérités s’appliquent à chacun d’entre nous. Nous avons besoin qu’elles agissent dans notre vie. Nous avons besoin d’autrui. Il nous faut être attentifs aux histoires des autres et les prendre à cœur. La création de Dieu nous est nécessaire. Nous devons comprendre notre époque et être honnêtes envers nous-mêmes. Il nous faut de nouvelles leçons d’objets. Il faut que notre foi et notre amour soient vraiment concrets. Notre sagesse doit être suffisamment variée pour éclairer les différents aspects de la vie. Les formules qui commencent par « Il vous suffit de… » ne peuvent s’adapter à la diversité des besoins.

Sommes-nous changés sachant que nous sommes justifiés par la foi seulement ?

Oui! La justification par la foi dans le sacrifice de Christ est assurément un principe fondamental de notre salut. Cependant, se souvenir de cela est-il toujours le moyen par excellence de notre transformation et de notre sanctification progressives ? La réponse que la Bible donne à cette question pastorale et pratique est parfois « oui », mais souvent « non ». Voici une métaphore. Les Écritures évoquent la transformation de notre vie en termes de couleurs et de nuances. Il y a du rouge, du jaune et du bleu, le tout étant composé de 16,8 millions de nuances intermédiaires. Ainsi, toute vision monochromatique de la sanctification revient à dire : « Ta transformation est attribuable au rouge. » Pour certains chrétiens, à certains moments, dans certaines luttes, se souvenir du rouge – la justification par la mort de Christ, l’adoption comme enfant de Dieu, le pardon des péchés – s’avère crucial. Pour d’autres chrétiens, à d’autres moments, dans d’autres luttes, ce sont d’autres couleurs qui s’avèrent essentielles.

Que nous pensions être trop mauvais ou, au contraire, être suffisamment bons, cela fait donc une différence de savoir que nous sommes rendus acceptables par Dieu en raison de notre foi en Christ et de ce qu’il a fait pour nous. Une telle foi est comme une main vide qui se tend pour recevoir la vie. Voici une description biblique de la manière dont il a accompli cela :

« Que dirons-nous donc à l’égard de ces choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera t-il pas aussi toutes choses avec lui ? Qui accusera les élus de Dieu ? C’est Dieu qui justifie ! Qui les condamnera ? Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! » (Romains 8.31-34)

Prenez ces paroles à cœur. N’oubliez jamais. Si vous vous sentez indigne et si tout cela est vrai, alors la porte du Père vous est grande ouverte ! Si vous vous sentez digne, alors, parce que ces choses sont vraies, elles constituent l’unique accès au Père. Lorsqu’il déclare : « Venez à moi », il le pense vraiment. Alors, quelles que soient vos difficultés, prenez-le au mot.

Jusqu’ici, tout va bien. Toutefois, remarquez maintenant quelque chose de significatif concernant le but pastoral de Romains 8.18-39. Paul expose ouvertement ses raisons de parler des miséricordes justifiantes de Dieu dans Romains 8.31-34. Il ne songe même pas à ceux qui sont imbus de leurs performances. Il n’a pas en vue nos efforts pour être sauvés, nos péchés, ou le fait de placer notre foi dans l’œuvre expiatoire de Christ pour le pardon des péchés. L’application directe dont il est question dans cette discussion sur la justification est utile à ceux qui sont dans l’épreuve, la faiblesse, ou qui sont aux prises avec de l’hostilité. Ils sont tentés de douter de l’amour de Dieu, de se sentir abandonnés de lui, menacés par les « souffrances du temps présent » (Ro 8.18).

Romains 8.31-34 évoque le fait que Dieu nous a déjà justifiés par la mort de Christ comme un moyen de donner espérance et consolation à ceux qui souffrent, sans parler des pécheurs angoissés et de ceux qui sont obsédés par leurs propres efforts. À l’origine, le point saillant du message n’était pas : « Tu peux quitter l’esclavage de la performance, car Dieu ne te condamne pas pour tes péchés », mais plutôt : « Quelque difficile que soit la vie, rien ni personne n’a le pouvoir de te détruire et de te séparer de l’amour de Dieu ». La seconde partie de Romains 8 nous sanctifie, tandis que la vie terrestre continue d’être une vallée d’affliction, de faiblesse, de gémissements et de larmes.

Dans le contexte pastoral de Romains 8, la justification par la foi n’est que l’un d’une longue chaîne de sous-points destinés à faire ressortir un élément beaucoup plus important : Dieu est pour nous. L’une des façons dont il le montre est qu’il « justifie les pécheurs ». Et cela fait partie des nombreuses manières dont Dieu manifeste son attitude essentielle envers nous.

Est-ce que l’objectif de Dieu par la sanctification est de faire de moi une meilleure personne ?

Oui, bien sûr, nous sommes nos pires ennemis, sujets à un tumultueux cocktail d’angoisses, de plaintes, de tromperie, d’égoïsme, de pulsions, d’irritabilité, de désarroi, d’indifférence, d’immoralité, de propre justice, de faible estime de soi, de jugement, de cupidité, de paresse, d’entêtement, et autres « choses semblables » (pour reprendre l’expression de Galates 5.21). Cependant, le but du Seigneur n’est pas la simple amélioration d’un ego qui aurait trouvé la paix et se serait ressaisi. Le but de la sanctification n’est pas que l’on devienne meilleur, plus heureux et plus confiant… pas exactement. Les Écritures en parlent d’une autre manière :

« … le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans l’affliction ! » (2Colossiens 1.4)

Lorsque nous trouvons espoir et encouragement dans nos ennuis, le but de la consolation n’est pas seulement que nous nous sentions mieux. Nous disposons dès lors de richesses que nous pouvons apporter aux autres, quels que soient les problèmes qu’ils rencontrent. Leur bien-être et le nôtre marchent maintenant la main dans la main. Le bien-être des autres prend de plus en plus d’importance à mesure que nous devenons un membre participant, frère ou sœur, de la famille de notre Père. La sanctification fait de chacun de nous une personne reliée, mariée et unie à Jésus-Christ et à quiconque ne fixe plus son centre de gravité en lui-même.

« Il peut avoir de la compréhension pour les ignorants et les égarés, puisque la faiblesse est aussi son partage. Et c’est à cause de cette faiblesse qu’il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés, comme pour ceux du peuple » (Hébreux 5.2-3)

Sachant avec quelle douceur Dieu nous traite dans notre désarroi, nos aveuglements et nos errances, nous traitons les autres avec douceur lorsque nous les voyons dans le péché et la faiblesse. Il est merveilleux de sentir dans notre vie combien Dieu est miséricordieux, compatissant, lent à la colère, riche d’un amour fidèle et immuable, pardonnant notre iniquité, nos transgressions et nos péchés. Et à mesure que nous voyons qu’il agit de la sorte avec nous lorsque nous sommes dans l’ignorance et dans la rébellion, notre cœur adopte la même attitude vis-à-vis des autres lorsqu’ils sont en faute. Nous ne sommes pas « des personnes plus heureuses ». Ce monde est trop plein d’afflictions et de gens malheureux. Par conséquent, nous prenons à cœur la souffrance et le désarroi des autres. Le spectacle de la condition humaine nous donne à réfléchir et nous dispose à aider les autres.

« Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ. Devenez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés ; et marchez dans l’amour, à l’exemple de Christ, qui nous a aimés, et qui s’est livré lui-même à Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur » (Éphésiens 4.32 – 5.2)

Ceux qui ont été pardonnés ne se contentent pas d’être en paix du fait que l’agitation du péché, la cuisante culpabilité et la honte sinistre soient désormais couvertes. Il nous faut maintenant manifester aux autres la bonté et la miséricorde dont nous avons bénéficié. Savoir que nous sommes des enfants bien-aimés ne doit pas nous laisser stagner dans l’indifférence et l’autosatisfaction. Nous sommes bien-aimés, en sorte que nous pouvons maintenant aimer, abandonner notre vie aux autres. Aucun de nous n’est devenu « quelqu’un qui a confiance en lui-même ». Il se peut que notre vie soit amenée à être stressante. Nous sommes au service du Roi et Sauveur qui est mort à l’âge de 33 ans, et ce service n’est pas forcément confortable. Ce dernier nous fait sortir de notre zone de confort. Il extirpe de nous toute illusion d’avoir un quelconque pouvoir sur les gens et les événements. Désormais, notre confiance ne repose plus en nous-mêmes, mais en dehors de nous, en Dieu, et le but de notre vie est maintenant identique au but de Christ ; il s’agit de l’amour rédempteur.

Cet article est tiré du livre : Qu’est-ce que la sanctification ? de David Powlison

source : reveniralevangile.com