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Une semaine après sa libération, où en est l'affaire Asia Bibi ?

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Le dénouement de l’affaire Asia Bibi ne semble pas prêt de survenir…

Le gouvernement pakistanais assure qu’elle est toujours dans le pays, en sécurité, et qu’elle ne peut le quitter avant une ultime étape judiciaire : une requête en révision du jugement d’acquittement.

Le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi l’a répété ce mercredi à Islamabad :

Nous l’avons expliqué auparavant et nous l’expliquons à nouveau. Elle n’est pas partie à l’étranger. Elle est ici. Il n’y a pas de controverse.

Quant au Premier ministre pakistanais Imran Khan, après avoir dénoncé avec force le comportement violent des islamistes au début des manifestations, il s’est limité à appeler au respect du jugement et au dialogue interreligieux.

La procédure judiciaire est-elle terminée ?

Non, le verdict de la Cour suprême fait l’objet d’une requête en révision déposée par un religieux du nom de Qari Salam. Il s’agit essentiellement de vérifier si aucune erreur procédurale ou administrative n’a été commise lors du jugement.

Si ce n’est pas le cas, le verdict d’acquittement sera définitif. Selon l’avocat d’Asia Bibi, Saif ul-Mulook, un nouveau coup de théâtre apparaît très peu probable.

Où peut-elle aller ?

Aucune certitude en la matière, mais il semble que des discussions autour d’un départ à l’étranger d’Asia Bibi soient en cours.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a indiqué cette semaine que son pays était « en discussion » avec les autorités pakistanaises pour éventuellement l’accueillir. Il a déclaré :

Je ne veux pas me prononcer plus là-dessus parce que c’est très délicat, mais comme vous savez très bien, le Canada est un pays qui accueille.

Au Pakistan, le parti extrémiste Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), principal instigateur des manifestations de début novembre, a fustigé cette annonce : « Nous nous opposons fermement ne serait-ce qu’à sa libération. Et c’est l’avis de millions de musulmans pakistanais », a déclaré son porte-parole Ijaz Ashrafi.

Tout pays qui accueillerait Asia Bibi (la France s’est proposée de la recevoir) pourrait ainsi s’exposer à des réactions hostiles de la part des fondamentalistes pakistanais.

Plus tôt cette semaine, les Pays-Bas ont déjà annoncé avoir rapatrié plusieurs membres de leur ambassade au Pakistan en raison de menaces persistantes d’islamistes rendus furieux par des tweets anti-islam du député néerlandais d’extrême droite Geert Wilders.

Le Pakistan souhaite-t-il son départ ?

Oui et non. Les extrémistes continuent de manifester sporadiquement − mais pacifiquement − pour réclamer l’exécution d’Asia Bibi. Il ont également appelé au meurtre des juges de la Cour suprême et à une mutinerie de l’armée.

Des milliers d’islamistes étaient par exemple descendus dans les rues début novembre, paralysant le pays trois jours durant, jusqu’à ce qu’un accord controversé soit signé avec le gouvernement d’Imran Khan (le gouvernement s’est notamment engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire). 

Le parti TLP menace de bloquer à nouveau les rues si elle part à l’étranger.

Mais d’autres appellent au calme. Dans une lettre ouverte publiée ce week-end, un influent mufti, Rafi Usmani, plaide pour sa part pour le respect du verdict de la Cour suprême. « Le verdict concernant la requête en révision sera définitif et doit être accepté sans réserve, conformément à la charia », a-t-il écrit dans cette lettre publiée par le quotidien « The News ».

source : https://www.nouvelobs.com/monde/20181115.OBS5469/pakistan-asia-bibi-est-libre-depuis-une-semaine-mais-ou-est-elle-passee.html