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Traité de «dingue à la tête d’une bande de fous extrémistes» par un ministre israélien, Kim Jong-un réagit avec virulence

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le dérapage verbal du ministre israélien de la défense a accentué les tensions entre les deux pays

La tension monte entre Israël et la Corée du Nord. Tout a commencé vendredi lorsque, interviewé par le site d’information en ligne Walla, basé à Tel-Aviv, le ministre de la Défense de l’Etat hébreu, Avigdor Liberman, a déclaré que le dictateur nord-coréen, Kim Jong-un, est un «dingue à la tête d’une bande de fous extrémistes», que son régime «menace la paix du monde» et qu’il a «franchi la ligne rouge avec ses essais nucléaires».

«Représailles sans pitié»

Toujours susceptible lorsque l’on chatouille l’amour-propre du «Grand leader», l’agence de presse nord-coréenne KCNA a aussitôt dénoncé les «propos impudents et calomnieux de Lieberman». Mais elle a également menacé Israël, comme «tous ceux qui osent atteindre à la dignité du leader suprême», de subir une «punition mille fois plus grande». Ainsi que des «représailles sans pitié». Accusant l’Etat hébreu de «crimes contre l’humanité», la KCNA a par ailleurs dénoncé l’occupation des territoires palestiniens et pointé ce pays comme «le seul possesseur d’armes nucléaires illégales» de la région.

La virulence de la réaction nord-coréenne a surpris en Israël, où l’entourage de Benyamin Nétanyahou a fait savoir à Liberman qu’il aurait mieux fait de se taire. A contrario, à Gaza, le porte-parole du Hamas, Samy Abou Zoukhi, a remercié Pyongyang pour «son soutien à la cause palestinienne contre l’occupation».

Fin de l’incident ? Nul ne le sait. Car en coulisses, un lourd contentieux se développe depuis longtemps entre l’Etat hébreu et la dictature nord-coréenne. Parce que cette dernière forme des techniciens nucléaires iraniens et qu’elle vend des technologies militaires ainsi que des missiles à Téhéran, au Hezbollah et à la Syrie. Du matériel qu’Israël considère comme une «menace stratégique».

Kim Jong-Un, le 14 avril en Corée du Nord. Photo STR. KCNA via KNS. AFP

L’inquiétude des dirigeants de l’Etat hébreu ne date pas d’hier. Au début des années 90, le Premier ministre Yitzhak Rabin avait déjà autorisé le numéro 2 du Mossad Ephraïm Halevy et un haut responsable du ministère des Affaires étrangères à négocier avec Pyongyang un accord prévoyant l’arrêt des fournitures nord-coréennes aux ennemis de son pays en échange de compensations financières. Ces discussions étaient couvertes par l’administration de Bill Clinton, alors président des Etats-Unis, mais elles n’ont pas eu le résultat escompté puisque la Corée du Nord a poursuivi son commerce clandestin.

Quelques années plus tard, Hafez al-Assad, le père du dirigeant syrien actuel, a d’ailleurs sollicité Pyongyang pour démarrer un programme nucléaire censé déboucher sur la fabrication d’armes atomiques censées concurrencer celles de l’«ennemi sioniste».

Au début des années 2000, le Mossad s’est procuré des photos prises à l’intérieur du site d’Al-Kibar, dans le désert syrien, secrètement construit à cette fin par des ingénieurs nord-coréens. A peu près à la même époque, l’Unité 8200, une branche des Renseignements militaires israéliens (Amans), spécialisée dans les écoutes et les interceptions électroniques, a de son côté enregistré un officiel du régime de Bachar al-Assad évoquant l’existence du projet. Elle surveillait également le flux inhabituel de communications téléphoniques entre Damas et Pyongyang. Quant à la CIA, elle disposait de photos montrant Chon Chibu, le chef du programme nucléaire nord-coréen, en visite à Damas pour y rencontrer son homologue Ibrahim Othman.

Avec l’assentiment de Washington, le Premier ministre israélien de l’époque, Ehud Olmert, a donc autorisé la destruction de la carcasse bétonnée du futur centre dans lequel devait être installé un réacteur nord-coréen de type Yogbyon, ainsi que de ses annexes. Baptisée «Opération verger», la frappe aérienne s’est déroulée dans la nuit du 6 septembre 2007. Dix ingénieurs nord-coréens avaient été tués.

Nissim Behar à Tel-Aviv

source : Libération