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France : pas de condamnation requise contre le cardinal Barbarin

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Le cardinal Philippe Barbarin lors de son procès cette semaine. (Photo : Sipa)

Le procès contre le cardinal Philippe Barbarin et ses cinq coaccusés s’est terminé jeudi. Ils comparaissaient depuis lundi pour non-dénonciation d’agressions sexuelles commises par un prêtre du diocèse, Bernard Preynat, sur de jeunes scouts avant 1991 à la paroisse Saint-Luc, près de Lyon. Malgré les assauts virulents des avocats des parties civiles lors de leurs plaidoiries, le parquet n’a pas requis de condamnation, arguant de la prescription des faits et de l’absence d’entrave à la justice de Philippe Barbarin et de ses coaccusés.

Cette absence de réquisitions est dans la logique du classement sans suite décidé par le parquet à l’été 2016 après une enquête préliminaire sur les mêmes faits. Depuis, les plaignants avaient lancé une procédure de citation directe pour avoir un procès. Un des plaignants, Didier Burdet, a déclaré à la presse qu’il « ne « s’attendait pas à grand-chose ». Mais ce procès a surtout permis de libérer la parole des victimes.

Barbarin a-t-il réagi trop tard?

Le père Preynat avait été dénoncé au cardinal Decourtray, alors archevêque de Lyon, dès 1991. Ecarté temporairement à l’époque, le prêtre a pu exercer au contact d’enfants jusqu’en septembre 2015, date à laquelle le cardinal Barbarin lui a retiré tout ministère. Trop tard selon les parties civiles, convaincues que Barbarin et les autres membres du diocèse mis en cause connaissaient les faits, avant le dépôt d’une première plainte la même année.

A l’audience, Philippe Barbarin a assuré avoir agi « à la seconde » quand un ancien scout, Alexandre Hezez, s’est confié à lui fin 2014. Mais pour ses accusateurs, l’archevêque savait depuis 2010 au moins, quand il convoqua le prêtre pour vérifier « des rumeurs ». Il explique n’en avoir pas appris assez, alors, pour le dénoncer : « menteur », lui a répliqué Me Jean Boudot, avocat des parties civiles.

L’église catholique  « dans une nouvelle ère » ?

Mais pour les plaignants, l’issue du procès importe finalement peu. L’essentiel est que l’église entre « dans une nouvelle ère » grâce à leurs paroles enfin libérées. « Ce qui m’importe, c’est de voir Barbarin et son équipe ici, et pour moi c’est déjà une victoire », a déclaré à l’AFP un des neuf plaignants, Didier Burdet. Ils dénonçaient une « omerta » remontant jusqu’au Vatican, dont un responsable avait été consulté par Monseigneur Barbarin au sujet du père Preynat. L’administration du souverain pontife a refusé qu’il comparaisse à Lyon.

Pour la défense, les témoignages des anciens scouts ne justifient pas, à eux seuls, les poursuites. « En quoi l’émotion est-elle un titre de droit à elle seule? (…) La douleur n’est pas le droit à elle seule, elle ne crée pas le droit », a martelé l’avocat du cardinal Barbarin. « Le cardinal Barbarin est-il poursuivi pour lui-même ou comme incarnation d’une institution? (…) Depuis le départ, cet homme c’est celui qui doit incarner la malédiction de l’Eglise dans cette affaire! », a-t-il encore tonné.

En définitive, le tribunal correctionnel de Lyon rendra sa décision le 7 mars. De son côté, le père Preynat, âgé de 73 ans, a été mis en examen en 2016 et pourrait être jugé cette année.

source : https://www.lejdd.fr/Societe/Justice/proces-barbarin-aucune-condamnation-requise-contre-le-cardinal-mais-lessentiel-est-ailleurs-3836714