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Des mesures pour atténuer les violences à Jérusalem

Cette décision du cabinet a été prise officiellement « sur recommandation de tous les organes de sécurité ». Le gouvernement prévoit des mesures alternatives « reposant sur des technologies avancées », précise un communiqué. Un budget spécial de 100 millions de shekels (24 millions d’euros) sera dégagé pour la réalisation du plan, au cours des six prochains mois. Il s’agit notamment de caméras très sophistiquées, de reconnaissance faciale et thermique. Elles pourraient être déployées, non pas à l’endroit même où se trouvaient les portiques, mais dans l’ensemble de la vieille ville, ce qui permettrait de désamorcer la contestation. Les Palestiniens s’inquiètent déjà que ces caméras intelligentes puissent révéler la « nudité » des croyants à l’entrée du lieu saint, et notamment des femmes venant prier.

Le retrait des portiques n’est pas une garantie de retour au calme, mais il en est une condition. Beaucoup d’interrogations demeurent en termes de violences potentielles et de nouvelles mobilisations. La crise autour de la mosquée Al-Aqsa, au-delà de son enjeu religieux et symbolique, a servi de révélateur et d’exutoire pour les frustrations et les colères accumulées au fil des ans, sous le régime d’occupation. Mardi matin, les représentants musulmans ont rejeté les nouveaux aménagements annoncés par Israël et indiqué qu’ils maintenaient le boycott de l’esplanade des Mosquées. Ofer Zalzberg, analyste de l’organisation International Crisis Group, craint « de nouvelles frictions, parce que beaucoup d’attention s’est focalisée sur le site et que les Palestiniens se sentent renforcés ». Selon ce spécialiste, Israël « devrait trouver un nouveau mode de décision en commun avec les représentants du Waqf [la fondation pieuse jordanienne gérant l’esplanade], en liaison avec les imams locaux à Jérusalem-Est ».

Le retrait des portiques a été décidé au terme d’une journée riche en consultations diplomatiques. L’envoyé spécial du président américain Donald Trump, l’avocat Jason Greenblatt, est arrivé en urgence en Israël. A New York, s’exprimant devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, le coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nikolaï Mladenov, a souligné que les événements pouvaient avoir « un coût catastrophique bien au-delà des murs de la vieille ville, bien au-delà d’Israël et de la Palestine et du Moyen-Orient ».

L’échange diplomatique le plus important a eu lieu entre M. Nétanyahou et le roi Abdallah II de Jordanie, en vacances aux Etats-Unis. Ce dernier a renouvelé sa demande de retrait des portiques. Le Waqf a joué un rôle-clé dans la mobilisation des fidèles à Jérusalem-Est, qui ont organisé des prières de rue. Les responsables religieux voulaient un retour à la situation qui prévalait avant le 15 juillet, date à laquelle les portiques avaient été mis en place en réponse à l’assassinat, la veille, de deux policiers par trois Arabes israéliens. Ces derniers avaient utilisé des armes introduites par un complice à l’intérieur de l’esplanade des Mosquées.

Arrangement avec Amman

Prudent dans son expression publique, le gouvernement jordanien a été actif, en coulisses, pour inciter M. Nétanyahou à un compromis. Amman, qui n’avait pas réagi immédiatement contre les portiques au moment de leur installation, craignait que les protestations dans la rue ne prennent de l’ampleur en Jordanie même. Depuis vingt-quatre heures, les deux pays étaient en contact permanent. Dimanche en fin de journée, à Amman, un employé de l’ambassade israélienne avait été victime d’une agression par un menuisier jordanien. Il avait ouvert le feu, tuant l’assaillant ainsi que le propriétaire de son appartement.

Les services jordaniens ont voulu interroger l’employé israélien. Mais le ministère des affaires étrangères a invoqué son immunité diplomatique. Le chef du Shin Bet, Nadav Argaman, s’est rendu sur place, preuve de la sensibilité de l’affaire. L’employé a fait le récit de l’agression devant les enquêteurs jordaniens, avant, avec l’ensemble du personnel de l’ambassade, d’être évacué vers Jérusalem. Un arrangement qui témoigne de l’étroitesse de la relation bilatérale. « La Jordanie est confrontée à des problèmes sérieux comme la crise des réfugiés, l’existence de cellules de l’organisation Etat islamique, ou encore les faiblesses économiques, explique Oded Eran, chercheur à l’Institut d’études sur la sécurité nationale (INSS) et ancien ambassadeur dans le pays (1997-2000). Amman n’a rien à gagner dans une crise inutile avec Israël. »

source :  http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/07/25/jerusalem-les-portiques-vont-etre-retires-de-l-esplanade-des-mosquees_5164543_3218.html#ziWzzrV3gVpAKbGJ.99