Des hybrides mouton-humain ont été développés en laboratoire
En 2017, des chercheurs ont réussi à développer des pancréas de souris chez le rat et ont montré que les greffes des dits pancréas pouvaient guérir les souris diabétiques. Tout de suite après, les chercheurs de l’Institut Salk ont annoncé qu’ils pourraient maintenir en vie pendant 28 jours des embryons de porc auxquels avaient été ajoutées des cellules souches humaines.
Les experts se sont réjoui de l’expérience menée sur les embryons hybrides, mais ont noté que le nombre de cellules humaines implantées dans les embryons de porcs (1/100 000) était trop faible pour des greffes d’organe chez l’homme.
Le chercheur Pablo Ross de l’Université de Californie a annoncé samedi 17 février à Austin, au Texas, que son équipe et lui-même avaient mis au point la procédure visant à augmenter le nombre de cellules humaines dans les embryons de moutons à 1/10 000.
« Nous estimons que ce n’est pas encore assez pour générer un organe prêt à être greffé » a déclaré Ross lors d’une conférence de presse. Selon The Guardian environ 1 % de cellules devraient être humaines pour que la greffe d’organe fonctionne. Et pour prévenir le rejet immunitaire, des mesures supplémentaires seraient nécessaires pour s’assurer que les restes de virus animaux sont éliminés de l’ADN du porc ou du mouton. Mais les récents progrès scientifiques tendent vers le développement d’organes plus viables.
RAMIFICATIONS ÉTHIQUES
Pour Pablo Ross, les recherches pourraient aller plus vite si elles étaient mieux financées. Les instances de santé publiques des États-Unis, où l’étude a été menée, interdisent actuellement le financement public d’hybrides humains-animaux, bien qu’elles aient déclaré en 2016 que ce moratoire pourrait être levé. Jusqu’à présent, ce sont des donateurs privés qui ont financé les recherches préliminaires.
À mesure que les recherches avancent, l’examen éthique se durcira certainement. Pablo Ross et ses collègues reconnaissent la nature controversée de leur travail, mais ils estiment avancer avec prudence.
« La part des cellules humaines est pour l’instant très faible. Cela n’a rien d’un cochon à visage humain ou doté d’un cerveau humain », a déclaré Hiro Nakauchi, chercheur à l’Université de Stanford, qui a participé à l’étude. M. Nakauchi a ajouté que les chercheurs tentaient de déterminer où les cellules humaines proliféraient, afin de s’assurer qu’elles ne s’installeraient ni dans le cerveau, ni dans les organes sexuels des animaux.
Pablo Ross, pour sa part, voit dans la recherche qu’il conduit sur le développement d’organes artificiels une source réelle d’optimisme.
« Toutes les approches sont controversées, et aucune d’entre elles n’est parfaite, mais elles apportent un nouvel espoir aux personnes qui souffrent et attendent désespérément une greffe, » a-t-il dit. « Nous devons explorer toutes les alternatives possibles pour fournir des organes aux personnes malades. »
source : http://www.nationalgeographic.fr/sciences/2018/02/des-hybrides-mouton-humain-ont-ete-developpes-en-laboratoire